Le « Buy Now, Pay Later » (BNPL ou « Achetez maintenant, Payez plus tard » en français) est une solution de crédit instantané à la mode. Si bien qu’après PayPal et son paiement en 4x, le géant Apple a également annoncé se positionner sur le marché. Quels sont les avantages et les risques pour les consommateurs de ce service financier ?
Vous connaissiez peut-être déjà ce principe sans connaître son nom, et pour cause ce système de paiement fractionné a été mis en place dès le milieu des années 80 par certaines grandes surfaces en France. Via des filiales spécialisées (Carrefour Banque, Banque Casino devenue Floa, Banque Accord devenue Oney chez Auchan, etc.), les supermarchés vous permettaient, par exemple, d’acheter une TV ou un ordinateur en plusieurs fois ou de mettre en place le financement de vos achats avec de plus ou moins longues dates d’échéances.
Depuis, le Pay Later s’est fortement démocratisé et il aurait représenté 93 milliards de dollars de ventes en 2020, puis 157 milliards en 2021. Ce moyen de paiement couvrirait 2,9 % des transactions e-commerce au niveau mondial en 2021, avec un pourcentage encore plus élevé de 8,1 % en Europe la même année. Les projections pour ce marché sont conséquentes, de 181 milliards à plus de 680 milliards pour les années qui viennent en fonction des cabinets d’études. De plus en plus de banques et de multinationales se lancent sur le marché qui est en constante mutation depuis 2020 et l’explosion des achats en ligne.
Le virage est que ce produit n’est plus un « service financier » au service de commençants existants, mais un marché sur lequel se développent des start-up proposant la plupart du temps une application dédiée au BNPL. Ces applications, qui marketent différemment le concept, se développent notamment grâce aux relais sur les réseaux sociaux comme TikTok. Sur le réseau social chinois, les hashtags #afterpay et #klarna deux fintech du secteur comptabilisent 110 et 130 millions de vues, le hashtag #bnpl en comptabilise 30 millions.
À noter : le paiement fractionné n’est pas à confondre avec le paiement différé (paiement effectué avec un délai plus court et en une seule fois), ou bien encore les paiements en plus de 4 fois qui sont assimilables à des crédits à la consommations soumis à des règles d’attribution différentes.
Les conditions
Chaque application et société met en place ses propres conditions. Voici cependant quelques conditions fréquemment rencontrées :
- Les offres sont bien souvent réservées aux particuliers,
- Obligation d’installer une application mobile ou d’acquérir une carte de paiement dédiée,
- Le téléchargement de documents comme une pièce d’identité et un justificatif de domicile par exemple pour la création d’un compte,
- Un remboursement de la somme engagée dans les semaines suivant la dépense (au maximum 90 jours et seulement 4 à 6 semaines pour certaines applications).
La plupart du temps les clients peuvent utiliser un système de paiement fractionné uniquement s’il est mis en place par le commerçant (le terme souvent employé est celui de « partenaires »). Par exemple, vous ne pouvez pas payer avec PayPal sur un site e-commerce n’ayant pas implémenté la solution.
Du côté des commerçants qui souhaitent mettre à disposition ce type de paiement alternatif à leurs clients, les entreprises proposant du BNPL demandent en retour un pourcentage sur la valeur de la transaction ou un abonnement fixe. Par exemple sur le site de PayPal on peut voir que le BNPL en 4x sans frais pour le client est « incluse dans votre tarif PayPal actuel » pour les marchands utilisant PayPal Checkout. D’autres solutions imputent des frais au client en fonction de la somme couverte par le crédit et du nombre de paiements.
Certains services limitent l’utilisation de leur service Pay Later à certains produits et/ou à certains modes de paiement.
Les avantages
Sur le court terme le principal avantage est de pouvoir se procurer immédiatement un bien qu’on aurait pas pu acheter sans ce « crédit ». Et ce, pour des montants plus ou moins importants en fonction des sociétés. Par exemple, au Royaume-Uni, l’application Klarna présenterait une moyenne de 94$ par transaction (au taux de change actuel cela donne environ 89€).
L’expérience d’achat est simple et en quelques clics seulement on peut payer sa commande. Le crédit est instantané sans un long processus d’approbation.
Si la somme engagée est payée et les délais respectés, la plupart du temps aucun frais n’est appliqué au client.
Les risques
Ne pas disposer de l’argent à l’échéance : tout achat induit la nécessité de payer les sommes dues, même si le paiement de ces dernières est repoussé à plus tard, vous ne devez pas acheter au-delà de vos capacités de paiement. Dans le cas où vous ne pourriez pas payer les sommes dues, la société qui vous a fait « crédit » pourra vous facturer des frais, bloquer l’utilisation de l’application voire se retourner contre vous via une société de recouvrement par exemple. Il semble d’ailleurs que le défaut de paiement soit également le plus gros problème pour les fin-tech sur ce marché.
L’accumulation des dettes : si un client utilise plusieurs applications (par exemple pour accéder à différents marchands ou pour augmenter son accès à un financement) ou effectue plusieurs achats avec ce système, il vaut mieux qu’il ait une bonne gestion de ses finances, sans quoi il peut arriver à une accumulation de dettes qui l’obligera à prendre un crédit à la consommation ou le placera face à des problèmes financiers. Ce peut être le début d’un surendettement. Notamment si la situation personnelle change subitement et que les crédits ne peuvent pas être remboursés (divorce, perte de son emploi, accident de la vie, décès du conjoint, etc.). Attention donc à : limiter les achats dans la limite de vos finances personnelles et ne pas utiliser plusieurs applications pour limiter les risques de débordement.
Les régulateurs sont inquiets que ce moyen de paiement devienne une forme de « crédit irresponsable ». Les applications simplifiant au maximum le processus de paiement et pouvant le « gamifier » et mener à une perception de irréaliste des dépenses. La multiplication des applications, l’effet de mode et les contrôles assez limité lors de l’inscription sont (avec les usages) les principales raisons de ce risque.
Les services de Pay Later
Historiquement on peut retrouver des systèmes de Pay Later bien avant ceux des grandes surfaces. Pour trouver les précurseurs il faut remonter à la fin du 19e siècle. Les fabricants d’objets et d’équipements coûteux cherchaient alors à faciliter l’acquisition des biens pour les potentiels clients. Avec l’arrivée des voitures les fabricants leur ont emboîté le pas, ce qui a démocratisé le système.
Voici une liste non exhaustive des sociétés proposant aujourd’hui du paiement BNPL ou services similaires :
- Klarna : 147 millions d’utilisateurs
- Afterpay : 16 millions d’utilisateurs
- Alam
- Affirm
- Amazon Pay Later (Amazon India)
- Apple Pay Later
- Finfrog
- Floa Pay
- Pay Later Oney
- PayPal Checkout
- Younited
À noter : la société Block Inc. (anciennement Square, avec à sa tête Jack Dorsey) a acquis la société Afterpay pour 29 milliards de dollars en janvier 2022, Paypal a acheté la société japonnaise Paidy Inc. pour 2,7 milliards de dollars en 2021.
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